1,6 million de curieux. Un poisson rouge. Et un Salamèche nommé AAAABBK. En 2014, Internet a été témoin d’un phénomène aussi absurde que génial : Fish Plays Pokémon. Et oui, un vrai poisson qui joue à Pokémon. En live. Sur Twitch.
Un hackathon, un bocal, et une idée folle
Tout part d’un délire étudiant. Patrick Facheris et Catherine Moresco, deux développeurs présents au hackathon HackNY, bricolent un système aussi simple que génial : une caméra scrute les mouvements de Grayson dans son aquarium, divisé en neuf zones correspondant aux commandes d’une Game Boy (haut, bas, gauche, droite, A, B, Start, Select, et random). Le poisson nage ? Le jeu obéit.
Résultat : un gameplay totalement aléatoire, dicté par les déplacements flottants d’un poisson rouge qui ignore tout de sa mission. Et pourtant, au bout de 135 heures, miracle : Grayson parvient à choisir son starter – un Salamèche baptisé “AAAABBK” – et bat le Carapuce de son rival. C’est lent, bordélique, hypnotique. Et c’est ça qui marche.
Le stream explose sur Twitch. Jusqu’à 20 000 spectateurs en simultané, plus de 1,6 million de vues uniques. Personne ne sait pourquoi ils regardent. Et c’est précisément ce qui fascine : un mélange de nostalgie, de curiosité morbide et de pur chaos algorithmique.
Grayson nage sans but, ouvre des menus sans raison, recule plus qu’il n’avance. Pourtant, à chaque pixel franchi, les fans exultent. Le projet s’inscrit dans la lignée de "Twitch Plays Pokémon", mais ici, il n’y a ni foule ni stratégie. Juste un poisson et la foi.