Si vous passez un peu de temps sur TikTok, impossible de passer à côté de cette nouvelle tendance qui consiste à se faire passer pour un PNJ, un personnage non joueur. Et non, on ne parle pas des vidéastes qui imitent à la perfection la gestuelle et le comportement des PNJ de Skyrim ou GTA — comme le fait par exemple Jinnkid.
Non, on parle d'une tout autre tendance, baptisée "NPC streaming", qui a pris d'assaut la plateforme chinoise. Ces vidéos mettent en scène des créateurs de contenu — Pinkydoll étant la plus connue — en train répéter mécaniquement des phrases et des actions, comme le ferait un PNJ dans un jeu vidéo.Sur le papier, ça ne semble pas très intéressant mais pourtant... Ces contenus cartonnent et font gagner chaque jour, plusieurs milliers de dollars aux créateurs.
7 000 dollars par jour pour répéter 4 phrases en boucle
La figure emblématique de cette tendance est Pinkydoll, une créatrice de contenu basée à Montréal. Cheveux longs et droits, assise à la table de ce qui semble être sa cuisine, la tiktokeuse — suivie par plus de 600 000 personnes — enchaîne rapidement des phrases sans queue ni tête, avec la même expression joyeuse et le même ton :
Oui oui oui. Mmm, une glace si délicieuse. Ooh, tu me fais me sentir comme une cowgirl. Gang gang. Mmm, une glace si délicieuse. Oui oui oui.
Si vous pensez que ces phrases sont balancées de manière aléatoire, ce n'est pas le cas. Elles sont en réalité les réactions en temps réel aux cadeaux envoyés par ses milliers de spectateurs, tels que des cornets de glace, des roses, des beignets et des cœurs, qui apparaissent à l'écran. Chaque cadeau a une valeur allant d'un demi-centime à plusieurs centaines de dollars. Pinkydoll affirme gagner plus de 7 000 dollars en une journée complète de NPC streaming.
Une réalité bien plus terrifiante
Si les vidéos PNJ peuvent sembler amusantes au premier abord, derrière cette façade innocente se cache une réalité plus terrifiante. Selon Christine Tran, chercheuse en culture internet et travail numérique à l'Université de Toronto et interrogée par The Guardian, les streameuses NPC (oui, cela concerne en majorité des femmes) "peuvent être considérés comme les héritières des "e-girls" qui ont inondé Twitch et TikTok dans les années 2020".
À l'image d'Amouranth, ces créatrices, souvent sexualisées, ont développé leur audience en combinant l'esthétique de la culture gamer avec l'influence des cam girls. L'intérêt ? Se servir d'une plateforme grand public pour attirer l'audience sur leurs réseaux disons... moins innocents.
Par exemple, Pinkydoll et Cherry Crush ont également des comptes OnlyFans contenant du contenu X (non, pas le nouveau nom de Twitter, mais bel et bien du contenu réservé aux adultes).
Il s'agit d'une forme astucieuse de publicité, en particulier aux États-Unis, où les lois Fosta-Sesta ont limité les sites explicitement dédiés au travail sexuel, incitant les travailleurs érotiques à trouver des moyens créatifs pour toucher leur public en ligne.
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