Qui était Bartholomew Roberts, le pirate qui a inspiré le personnage de Kuma dans One Piece ?

Dans sa conception la plus large, l'âge d'or de la piraterie s'étend de 1650 à 1730, une ère où les mers et les océans étaient, sans aucun doute, les endroits les plus dangereux de la planète. Seuls quelques courageux et téméraires marins osaient s'y aventurer. S'ils ne répondaient pas à l'appel de Gol D. Roger, le pirate légendaire de One Piece, pour prendre la mer, les pirates répondaient à celui d'une vie de liberté ainsi qu'aux sirènes promettant des richesses infinies. Il n'en fallait pas moins pour convaincre les pirates les plus légendaires de se lancer dans l'aventure. Surtout si cela impliquait de subtiliser les richesses des nations européennes qui prenaient, peu à peu, le contrôle du monde. Aujourd'hui, nous nous intéressons à l'un des pirates qui a marqué l'âge d'or de sa patte, Bartholomew Roberts dit "Black Bart" connu pour avoir arboré le fameux "Jolly Roger", plus connu sous le nom de "drapeau pirate".

Bartholomew Roberts aurait pris la mer à 13 ans

Né John Roberts en 1682 au Pays de Galles, le futur pirate légendaire aurait pris la mer 13 ans après sa naissance, en 1695. Seulement, il s'agit ici d'une rumeur, complètement invérifiable puisque les registres ne recensent son existence qu'à partir de 1718, soit quand il avait 36 ans.

Un an plus tard, Roberts embarque en tant que second sur le Princess, un navire transportant des esclaves entre l'Afrique et les Caraïbes. Mais lors de l'un de ses voyages, alors âgé de 37 ans, son navire est abordé par le pirate gallois Howell Davis au large de l'actuel Ghana. Forcé de rejoindre la piraterie, tout comme le reste de son équipage, John Roberts fait tout de suite parler ses talents de navigateurs. Si bien que Howell Davis, le prit rapidement sous son aile pour qu'il puisse le conseiller sur la route à suivre et ainsi éviter d'inutiles péripéties.

Mais six semaines après être devenu pirate contre sa volonté, il voit son capitaine se faire tuer par les hommes du gouverneur de l'île du Prince, alors aux mains de l'empire colonial portugais, au large de la Guinée. Déjà devenu un homme de confiance de Davis sur le Royal Rover, John Roberts est logiquement élu capitaine du navire, dont il changera le nom en Royal Fortune, tout juste orphelin de son précédent chef. Une ascension fulgurante après six semaines d'expérience dans la piraterie. Il changea alors son nom pour Bartholomew Roberts et sa légende pouvait commencer à s'écrire.

La meilleure carrière pirate de tous les temps

Chez les pirates, on estime la valeur d'un capitaine au nombre de navires qu'il a réussi à capturer et pas à la valeur marchande du butin subtilisé. Et si une multinationale pirate pouvait décerner le titre de meilleur employé de l'histoire, elle décernerait, sans aucune forme de contestation, la palme à Bartholomew Roberts. En effet, celui qui se faisait appeler "Black Bart" détient le record de prises dans toute l'histoire de la piraterie avec 400 navires dont 22 en une seule fois. Il valait mieux ne pas croiser sa route au risque de finir à la mer ou de rejoindre son équipage. Nous pouvons donc dire, sans trop de doutes, qu'il était le roi de l'océan Atlantique. Son terrain de jeu s'étendait entre les Caraïbes, les côtes africaines ainsi que celles de l'Amérique du Sud. Oui, presque tout l'océan Atlantique.

Bartholomew Roberts, un pirate pas comme les autres

Si son record de prises laisse penser que Roberts était un pirate assoiffé de sang et très cruel, ce n'est pas vraiment le cas. Du moins, il ne renvoyait pas l'image du pirate que l'on se fait habituellement. En effet, d'après certains écrits qui ont conté ses exploits, on peut notamment retenir que Roberts :

Ne buvait pas d'alcool
S'habillait très bien et avait de très bonnes manières
Savait parfaitement écrire
Interdisait le viol lors des pillages, sous peine de mort
Aimait beaucoup la musique classique et avait à son bord des musiciens

Il était donc loin de ses confrères qui, dans les cases précédentes, n'en remplissaient presque aucune.

Bartholomew Roberts et le Code des Pirates

Ainsi, un pirate, même à la vue de son statut de criminel recherché par les grandes puissances, se devait d'avoir des principes. Et en ce sens, Bartholomew Roberts créera l'un des Codes des Pirates les plus connus. Et gare à celui qui, à bord d'un de ses navires, ne le respectait pas.

Voici, un résumé des onze points du Code des Pirates de Bartholomew Roberts :

La voix de chaque pirate pourra être entendue et chacun aura accès libre aux ressources du navire sauf en cas de manque.
Le vol entre pirates d'un même navire est interdit sous peine de se voir se faire couper le nez et les oreilles et d'être abandonné sur une île déserte.
Les jeux d'argent sont interdits.
Les lumières du navire doivent être éteintes à huit heures du soir.
Les pirates doivent avoir leurs armes toujours propres et prêtes à être utilisées.
Les enfants et les femmes sont interdits à bord, sous peine de mort pour celui qui tentera d'attirer un individu du sexe opposé.
La désertion est punie de mort.
Les querelles sur le navire devront être réglées à terre sous forme de duel, d'abord au pistolet puis à l'épée. Le premier sang étant désigné comme vainqueur.
Il est interdit de changer de vie tant que son butin personnel n'a pas atteint 1 000 livres. Les blessés au combat recevront une part supplémentaire de la caisse commune. (Oui, ce sont les prémices des pensions d'invalidité et de retraite).
La répartition du butin sera proportionnelle au rang que l'on occupe sur le navire.
Les musiciens auront le droit de se reposer uniquement le jour du sabbat. Tout autre jour de repos devra d'abord être accepté par la capitainerie.

Et pour citer le capitaine Teague, père du capitaine Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes 3 : Jusqu'au bout du monde, "Le Code c'est la loi."

La fin de Bartholomew Roberts

Forcément, toute aventure a forcément une fin. Et celle de Bartholomew Roberts prend place sur la côte gabonaise. Eh oui, tout humain, bien que légendaire, voit indubitablement sa vie se terminer un jour.

En février 1722, alors qu'il mouille au large du Cap Lopez au Gabon, Roberts est attaqué par un bâtiment britannique, l'Hirondelle.Les versions diffèrent sur la raison de cette attaque. Certains disent que l'Hirondelle a attaqué à vue le navire de Roberts, d'autres affirment que Bartholomew Roberts, certains d'avoir en face de lui un navire portugais, s'était mis en tête de l'attaquer et avait foncé droit sur lui.

Quoi qu’il en soit, le résultat est le même puisque "Black Bart", créateur du Code des Pirates, arborant le drapeau du Jolly Roger, fut tué dès la première salve britannique. En effet, un boulet chaîné, utilisé pour détruire les mâts le toucha au niveau du cou, brisant ses cervicales et entraînant sa mort subite.

Conformément à son souhait de reposer à tout jamais dans la mer, son corps ne fut pas ramené sur le bâtiment anglais mais jeté à l'eau par son équipage qui tenta ensuite de prendre la fuite. Mais orphelin de leur leader, ils furent très vite rattrapés.

Huit ans plus tard, l'âge d'or de la piraterie prenait fin.

Bartholomew Roberts dans la culture populaire

Eiichiro Oda n'a jamais caché que l'un des sept Grands Corsaires de One Piece tirait son inspiration de cette légende la piraterie. Et on le retrouve un peu dans les traits de Kuma. Outre son prénom, qui est le même, quelques points de la personnalité de Kuma sont similaires à celle de Roberts.

On pense notamment à la fameuse Bible que Kuma transporte toujours avec lui, sûrement un code de conduite du pirate s'inspirant du Code des Pirates créé par Roberts. S'il est rangé du côté du gouvernement mondial au début du manga, on découvrira bien plus tard qu'il est en fait un des fondateurs du mouvement révolutionnaire emmené par Monkey D. Dragon, le père de Luffy, et qui cherche à tout prix à mettre fin à la domination de cet ordre mondial.

Le fait qu'il soit constamment bien habillé, ait des bonnes manières et respecte un code de conduite très strict rappelle aussi le "Capitaine Crochet" de Peter Panqui semble vivre selon ses principes, en plus d'être un épicurien sans limite, tout comme l'était Roberts.

On le retrouve également dans l'excellent Assassin's Creed IV : Black Flag, l'un des meilleurs opus de la saga, qui prend place dans la mer des Caraïbes. Il y est montré comme étant un Sage auprès duquel Edward Kenway, le personnage principal de cette aventure, vient prendre conseil. Cependant, le légendaire pirate en viendra à le trahir pour s'octroyer la domination sur ses adversaires.

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