Affaire Menendez : le procureur ferme la porte à un nouveau procès, voici pourquoi

Condamnés à perpétuité pour le meurtre brutal de leurs parents en 1989, les frères Menendez espéraient un nouveau procès en s’appuyant sur de nouvelles preuves d’abus. Mais le procureur de Los Angeles, Nathan Hochman, semble s'y opposer.

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© Ted Soqui
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Les frères Menendez y ont cru. L’élection du nouveau procureur de Los Angeles, Nathan Hochman, leur avait donné une lueur d’espoir : il avait promis de réexaminer leur dossier, laissant entrevoir une possible réduction de peine, voire une libération en 2025. Mais le 24 février, son discours a changé de ton. En effet, ses premières conclusions ne laissent guère de place au doute : pour lui, les frères Menendez restent avant tout des meurtriers, et pas des victimes.

Trop d’histoires, pas assez de crédibilité

Depuis leur arrestation en 1990, Erik et Lyle Menendez ont raconté plusieurs versions des faits. D’abord, ils ont suggéré que leurs parents avaient été victimes d’un règlement de comptes mafieux. Puis, lors de leur procès, ils ont évoqué les violences sexuelles de leur père José Menendez, qu’ils disent avoir subies toute leur enfance. Une thèse au cœur de leur défense, mais qui n’a pas convaincu la justice lors de leur second procès en 1996.

En 2023, leurs avocats ont déposé un recours en habeas corpus devant la cour supérieure du comté de Los Angeles, en s’appuyant sur une lettre de 1988 dans laquelle Erik confiait à son cousin Andy Cano qu’il était encore abusé par son père. Ils ont aussi cité le témoignage de Roy Rosselló, un ancien membre du groupe Menudo, qui affirme que José Menendez l’a agressé sexuellement lorsqu’il était adolescent.

Mais pour Nathan Hochman, cette “nouvelle” preuve ne justifie pas un procès supplémentaire. Erik et Lyle Menendez ont donné cinq versions différentes des faits”, a-t-il rappelé au Los Angeles Times, insistant sur ce qu’il qualifie de “mensonges et manipulations” depuis plus de trente ans.

Une réduction de peine toujours possible ?

Si un nouveau procès semble définitivement enterré, reste la question d’une réduction de peine. Lors de sa campagne, Nathan Hochman s’était engagé à revoir certains dossiers de prisonniers de longue durée, dont celui des frères Menendez. Ce qui leur laissait espérer une libération possible dès 2025.

Mais à écouter le procureur, ce scénario semble de plus en plus improbable. “Bien qu’il ait annoncé qu’il examinerait la question dans les semaines à venir, son insistance sur leurs contradictions laisse penser qu’il s’y opposera”, a analysé Neama Rahmani, ancien procureur fédéral, cité par le Los Angeles Times.

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a de son côté déclaré qu’il n’envisagerait aucune clémence tant que Nathan Hochman n’aurait pas rendu sa décision.

Entre tribunal médiatique et réalité judiciaire

Depuis leur condamnation, l’affaire Menendez est devenue un phénomène culturel. Documentaires, séries, réseaux sociaux : le public s’est emparé du dossier, et beaucoup plaident aujourd’hui en leur faveur, dont Kim Kardashian. Une dynamique renforcée par la série Netflix Monstres, qui a remis les accusations d’abus au centre du débat.

Mais le procureur ne compte pas céder à la pression de “ceux qui croient tout savoir après avoir regardé une série”, comme l’a souligné l’avocat Louis Shapiro au Los Angeles Times. “Il suit la loi, point final.”

Les frères Menendez espéraient sortir en 2025, mais les dernières déclarations du procureur ne laissent que peu de place au doute : leur avenir reste en prison. Sauf retournement de situation spectaculaire, l’ultime bataille judiciaire qu’ils mènent depuis plus de trente ans semble toucher à sa fin.

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