La période d'euphorie aura toutefois été de très courte durée et sans tourner autour du pot : Chaosbane n'est pas un bon hack'n'slash, il ne fait pas honneur à l'univers infiniment riche de Warhammer et il manque cruellement d'originalité.
La déception commence, sans surprise, à l'écran de sélection des personnages. Chaosbane tombe dans un travers récurrent des jeux Warhammer : vous forcer à jouer une race en fonction de l'archétype choisi. En effet, si vous souhaitez jouer à distance vous n'aurez d'autre choix que de choisir un elfe sylvain, pour incarner un mage direction les hauts elfes, le tank sera un humain et le berserker un nain.
Aragorn, Legolas et Gimli ne seront donc pas dépaysés mais on aurait aimé profiter d'un peu plus de créativité de la part des développeurs. Même Vermintide nous laissait un peu plus de libertés avec des choix de carrière pour chacun des personnages du jeu. Pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour nous laisser incarner un Nain adepte de Magie runique ? Pourquoi l'humain ne peut pas choisir la voie des attaques à distance et devenir un arbalétrier dont les carreaux sont bénis par Sigmar ? De même, l'elfe sylvain n'en a-t-il pas marre de balancer des flèches, n'a-t-il pas envie de prendre entre 4 yeux un démon mineur pour lui montrer de quel bois (recyclable) il se chauffe ?
Je m'égare un peu mais ce sentiment de choses faites à moitié et de jeu "qui aurait pu être mieux" m'aura suivi tout au long de mon aventure dans Chaosbane. Aventure qui est à l'heure actuelle composée d'une campagne en 4 actes et de deux modes "end game" le boss rush et les relics run. Je précise à l'heure actuelle car au moment où j'écris ces lignes, une première mise-à-jour est annoncée et viendra ajouter un mode "Invasion" pour ceux qui ont fini le jeu de base.
Le problème est que l'on ne retient rien de cette campagne. Les personnages sont anti-charismatiques au possible, amis comme ennemis, et à aucun moment on ne se sent investi dans les aventures des protagonistes. Il faut dire que les interactions avec les autres personnages se limitent à écouter leurs dialogues écrits avec les pieds et à voir notre héros réagir systématiquement de la même manière avec une unique animation répétée ad vitam aeternam.
Côté ennemis, idem, rien ne sort du lot. Les démons mineurs de Slaanesh, Khorne, Tzeench et Nurgle sont réduits à des trash mobs indifférenciables les uns des autres. Tous les champions du Chaos arborent le même ventre à bière et se différencient seulement par la couleur de leur pantalon et de leur casque.
Que dire de l'environnement. Chaosbane réussit la prouesse de faire tenir le contenu de l'ensemble du jeu sur 4 maps différentes. Une par acte, ni plus, ni moins. Toutes les quêtes et les dialogues de chaque acte se font à partir du même camp de base et votre exploration du monde se résume à aller d'un point A à un point B puis à un point C, avant de revenir au point A pour lancer une nouvelle quête dans les mêmes environnements. Chaque acte vient ajouter au bestiaire un mini-boss négligeable et un boss un peu plus marquant qui pourra demander plusieurs essais si vous êtes en difficulté un peu élevée.
Impossible aussi de ne pas parler du loot, véritable nerf de guerre de tout bon hack'n'slash et nouveau point noir de Chaosbane. Ici le problème n'est pas la quantité de loot que vous obtiendrez puisque vous croulerez littéralement sous les objets mais sa qualité et son équilibrage. Les bonus de sets des armures se limitent à 3 choix différents en qualité héroïque et ne proposent aucune variation en terme d'esthétique. En dehors des sets, circulez, il n'y a rien à voir, pas d'armures légendaires venues du lore de Warhammer, pas d'objets vraiment épiques et surtout aucune difficulté à obtenir tous les sets disponibles à l'heure actuelle. Côté armes c'est un peu mieux puisque nous avons effectivement des légendaires aux effets uniques. Malheureusement, les développeurs ont oublié de passer par la case équilibrage puisque ces effets légendaires éclipseront absolument tous les autres skills de votre build, vous permettant de faire l'intégralité du jeu sans caster le moindre sort.
Avant d'aborder les points positifs du jeu, car il y en a quand même, je voudrai conclure ma liste de doléances par les ressemblances trop nombreuses avec Diablo 3. Evidemment, Diablo 3 reste la référence du genre et il est bien normal de s'en inspirer. Mais dans Chaosbane, on se dit trop souvent "j'ai déjà vu ça quelque part" en pensant à Diablo. Que ce soit l'affichage tête haute (pas un problème), le démon de Khorne pendant les temps de chargement (le plus évitable) ou les mécaniques utilisées dans le scénario (les 2 points à activer dans l'acte 1 qui rappellent ceux du premier acte de Diablo 3 pour ne citer qu'eux) on a vraiment l'impression que les développeurs ont un peu trop copié sur Blizzard au détriment d'une patte plus personnelle.
Concluons donc cet avis avec le gros point positif de Chaosbane qui nous fait espérer, comme il est désormais tradition, que le jeu pourra être amélioré dans un futur proche si les développeurs s'investissent dans leur jeu : la fluidité du titre. Car malgré tous ses défauts, Chaosbane reste très agréable à prendre en main, les coups portés ont du poids et les affrontements sont plus fluides que ce que l'on avait pu voir dans les previews du jeu. On soulignera aussi la qualité du jeu sur console, qui fait très bon usage du deuxième stick analogique pour contrôler les coups spéciaux des personnages.
Pour résumer, Warhammer Chaosbane est un titre qui viendra grossir les rangs des jeux décevants estampillés Warhammer. Il plaira certainement aux amateurs de hack'n'slash avides d'un nouveau titre en attendant Diablo 4 ou Torchlight Frontiers. Pour les autres, nous vous conseillons vivement d'attendre que le jeu soit en promotion pour mettre la main dessus, à moins que les développeurs lancent rapidement des mises-à-jour importantes.