Depuis son lancement en 2012, le développement chaotique de Star Citizen n'est un secret pour personne. Promesses non tenues, fonctionnalités coupées, retards interminables : voilà ce que les backers ont appris à accepter.
Si certains ont déjà jeté l’éponge, d'autres continuent à espérer, tout en se demandant si cette épopée trouvera un jour sa conclusion. Cette frustration semble être partagée par ceux qui travaillent sur le projet, où les conditions de travail se durcissent. Dans une enquête menée par le journaliste Tom Henderson pour Insider Gaming, le développement tumultueux de Star Citizen est mis à nu.
Des heures supplémentaires forcées
Le 1er octobre 2024, les développeurs de Cloud Imperium Games (CIG) ont reçu une directive surprenante : pour être prêts pour la CitizenCon, ils devront travailler tous les jours, y compris les week-ends, jusqu’au 19 octobre. L’objectif ? 19 jours consécutifs de travail d’au moins 8 heures par jour. Face aux protestations des employés, CIG a ajusté la règle : un dimanche de repos serait accordé si 56 heures étaient cumulées entre le lundi et le samedi, une clause rendue possible grâce à une dérogation contractuelle à la limite de 48 heures fixée par la loi britannique.
Ce changement de dernière minute n’a pas apaisé tous les esprits. Certains employés parlent d’un pansement sur une plaie béante, estimant que l'entreprise a besoin d'une révision complète pour éviter le naufrage. Le sentiment général : la mauvaise gestion et les dépenses excessives sont devenues le talon d’Achille du studio.
Une gestion financière préoccupante
En 2022, Cloud Imperium Games avait déjà englouti 637 millions de dollars dans le développement de Star Citizen. Les dépenses annuelles dépassaient les 100 millions de dollars en moyenne entre 2020 et 2022, laissant les employés douter de la viabilité financière du projet. L'entreprise aurait même discrètement licencié entre 100 et 150 personnes dans ses bureaux de Los Angeles et Austin.
Les tensions financières se sont également fait ressentir sur le quotidien des employés : gel des augmentations salariales, absence de perspectives d'évolution et coût de la vie en constante augmentation. Pour certains, la situation est devenue intenable, les forçant à envisager de quitter l'entreprise. Et pendant ce temps, la direction continue de justifier des dépenses extravagantes comme un barista ou des meubles sur mesure dans leurs nouveaux bureaux de Manchester.
Des choix créatifs discutables
Si la situation financière semble alarmante, les décisions créatives de Chris Roberts, fondateur de Star Citizen, sont aussi au centre des critiques. Décrit comme un perfectionniste, Roberts est accusé de changer constamment de vision, retardant le développement du jeu. Ces modifications incessantes créent un climat d’incertitude au sein des équipes, qui doivent souvent retravailler des fonctionnalités plusieurs fois avant qu’elles ne soient finalement abandonnées.
L’ingérence excessive de Roberts dans les moindres détails du jeu, comme la position d’objets sans importance, exaspère les développeurs. Le manque de concentration sur l’essentiel retarde encore davantage l'avancée du projet, qui après 12 ans, reste loin de son achèvement.
Avec des finances au bord du gouffre et une culture d'entreprise en déclin, l’avenir de Star Citizen paraît sombre. CIG espère toujours relancer la machine avec la sortie de Squadron 42, la campagne solo tant attendue. Mais cette stratégie sera-t-elle suffisante pour renflouer les caisses et sauver le studio d'une impasse ?