Shawn Layden n’a pas la langue dans sa poche. Invité du podcast Playerdriven, l’ancien président de Sony Computer Entertainment America a balancé une vérité qui dérange : les jeux vidéo ne sont pas assez chers. Pour lui, le modèle économique actuel court droit dans le mur — et il est urgent de le dépoussiérer.
Une industrie sous pression
Shawn Layden rappelle que les coûts de production des jeux AAA ont explosé. "Aujourd’hui, certains studios demandent 200 millions de dollars pour faire un jeu… sans avoir encore rien montré." Pour lui, ce modèle n’est plus viable : les éditeurs doivent revoir leurs ambitions, ou accepter que le prix des jeux grimpe.
Il prend l’exemple de Nintendo et de la Switch 2, dont certains jeux, dont Mario Kart World, avoisine les 80 €. "C’est brutal, mais c’est honnête", commente-t-il. L'ancien boss de Sony souligne que l’industrie a trop longtemps figé le prix des jeux à 60 €, malgré l’inflation et l’augmentation constante des coûts techniques.
"On aurait dû augmenter de 5€ à chaque génération. On ne l’a pas fait. Maintenant, on rattrape le retard d’un coup."
Qualité vs accessibilité
Mais cette hausse ne va-t-elle pas pénaliser les joueurs ? Shawn Layden le reconnaît : dans un contexte d’inflation générale, les jeux vidéo deviennent un luxe. Il craint que cela n’exclue une partie du public.
"Le jeu vidéo est souvent le premier à sauter quand le budget est serré."
Face à l’impasse économique des superproductions, Shawn prône un retour à une forme de sobriété créative :
"Les contraintes obligent à être inventif. Des jeux comme Godzilla Minus One au cinéma montrent qu’on peut faire quelque chose de brillant avec un budget raisonnable."
Le modèle économique basé sur les AAA à 200 millions de dollars n’est plus soutenable, selon lui. Et les studios intermédiaires (AA) disparaissent peu à peu. Il appelle à réinventer la chaîne de production, à réduire les ambitions démesurées, et surtout à être honnête avec le public : si on veut des jeux de qualité, il faudra soit payer plus, soit revoir nos attentes à la baisse.
