469,99 €. C’est le prix que Nintendo a choisi pour sa Switch 2 en Europe. Un tarif qui grince, même pour une machine plus puissante. Car si le contexte a changé, la question reste la même : jusqu’où peut-on tirer sur l’élasticité du portefeuille des joueurs ? Ceux qui ont connu le lancement de la 3DS en 2011 s’en souviennent bien : un tarif trop haut, un catalogue trop maigre, et une réaction immédiate du marché. Résultat : une chute de prix spectaculaire et un mea-culpa historique de Nintendo.
Le spectre de la 3DS plane sur une stratégie tarifaire risquée
Mars 2011. Nintendo dégaine sa nouvelle portable, avec la promesse d’une 3D sans lunettes et un héritage DS en poche. Prix de vente : 249,99 €. Problème : la techno peine à convaincre, les jeux attendus ne sont pas là (Pilotwings n’a jamais vendu une console), et le public se lasse avant même d’avoir adhéré.
En coulisses, c’est la douche froide. Fin juillet, les chiffres de vente mondiaux stagnent à 4,32 millions d’unités. Nintendo s’attendait à faire mieux. Beaucoup mieux. Alors, en août, la sentence tombe : 80 € de moins sur l’étiquette, pour un nouveau prix fixé à 169,99 €. Une réduction brutale, rarissime si tôt dans la vie d’une console.
Pour ne pas se mettre à dos les premiers acheteurs, la société leur offre 20 jeux rétro via un programme Ambassadeur. Satoru Iwata, alors président de Nintendo, assume publiquement cet échec de positionnement. Il baisse son propre salaire de moitié. La réduction touche aussi les autres cadres dirigeants.
Un contexte très différent, une pression plus diffuse
Presque quinze ans plus tard, Nintendo aborde la transition vers la Switch 2 dans une position radicalement opposée. Le succès de la Switch — 139 millions d’unités vendues, cycle de vie record — donne à la firme une marge de manœuvre qu’elle n’avait pas en 2011. Le public est acquis, les actionnaires sont sereins, et la marque jouit d’un capital confiance rarement atteint dans son histoire.
Mais cette dynamique peut-elle justifier une console hybride à près de 470 € en Europe, avec des jeux qui flirtent déjà avec les 90 € ? Le marché n’est plus le même. Le PC a gagné du terrain, le cloud est une alternative crédible, et les consoles concurrentes multiplient les offres agressives. Nintendo, de son côté, reste sur son modèle fermé, premium, presque à contre-courant.
Pourtant, la comparaison avec la 3DS revient. Discrètement. Pas parce que la Switch 2 est promise au même destin, mais parce que Nintendo a déjà montré qu’il pouvait sous-estimer la réaction du public. Et qu’il savait corriger le tir quand c’était nécessaire.
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