Sortie il y a plus de 18 ans, la PlayStation 3 a bouleversé l’univers des consoles de jeux. Mais derrière ses 87 millions d’unités vendues et son entrée fracassante dans l’ère de la haute définition, son lancement a été un désastre. Complexité technique, prix exorbitant et retard sur la concurrence : la PS3 a essuyé de sévères critiques, notamment de la part des développeurs japonais.
Un départ chaotique
Lancé fin 2006, le démarrage de la PlayStation 3 fut loin d'être glorieux. Proposée à un prix de 600 euros, la console était bien plus chère que ses concurrentes directes, comme la Xbox 360 ou la Wii. Mais c'est surtout son architecture ultra complexe, centrée autour du fameux processeur Cell, qui a causé des ravages. Shawn Layden, ancien patron de PlayStation, ne mâche pas ses mots chez IGN :
« Quand on est passé à la PS3… ce n’était plus une simple amélioration de l’expérience arcade, c’était une expérience PC haut de gamme que vous offriez à domicile. »
Une technologie en avance sur son temps, mais dévastatrice pour les studios japonais habitués à des outils de développement plus simples. Là où la PS1 et la PS2 avaient permis aux créateurs nippons de briller, la PS3 les a plongés dans l’incertitude. Développer des jeux sur cette plateforme était un véritable casse-tête. Shawn Layden le reconnaît lui-même :
« C’est là que la rupture s’est produite. »
Les studios japonais ont eu du mal à s’adapter à ce nouveau paradigme technique, tandis que les développeurs occidentaux se montraient plus à l’aise avec cette approche proche du développement PC.
La longue route vers la rédemption
Cette rupture a laissé des traces. La fermeture de Japan Studio, un bastion historique de PlayStation, symbolise bien les difficultés rencontrées par certains créateurs nippons. Plusieurs éditeurs japonais peinent encore à retrouver leur gloire d'antan. Certains y sont parvenus. « Capcom s'attaque directement à ce problème », estime Shawn Layden. La société a enchaîné les succès avec ses franchises phares comme Resident Evil et Monster Hunter. Sega, quant à elle, « est dans une assez bonne situation » avec des titres comme Yakuza.
Mais d'autres peinent encore. Bandai Namco, selon l'ancien patron de PlayStation, « a encore du travail à faire ». Quant à Square Enix, l’abandon de ses ambitions internationales et son retour aux « productions locales » a été une décision judicieuse. Aujourd'hui, alors que la PS5 est bien installée et que laPS5 Pro pointe le bout de son nez, le spectre de la PS3 rappelle combien l'innovation peut être à double tranchant. Mais au final, ceux qui ont réussi à dompter la bête en sont ressortis plus forts.