On ne compte plus le nombre de fois où l'on entend sur les plateaux télé que les jeux vidéo rendent violents dès lors qu'un drame se produit. Cette affirmation a déjà été réfutée par de nombreuses études, mais il n'est pas rare, encore aujourd'hui, de voir le débat revenir sur la table. Les recherches de ces neuroscientifiques austro-suédois permettent d'apporter un nouvel éclairage sur la question.
Les clichés sur les jeux vidéo qui persistent
Réalisée par des neuroscientifiques de l'Université de Vienne et de l'Institut Karolinska à Stockholm, cette recherche visait à déterminer si la pratique de jeux vidéo violents pouvait réduire l'empathie chez les joueurs adultes. Au cours de l'expérience, qui s'est étendue sur plusieurs semaines, 89 sujets masculins adultes, ayant peu ou pas d'expérience préalable avec les jeux vidéo violents, ont joué de façon répétée à Grand Theft Auto V.
Leur niveau de base d'empathie a été mesuré avant et après la période de jeu, à travers des scans cérébraux enregistrant leurs réactions face à la douleur infligée à autrui. Les résultats, publiés dans la revue eLife, sont révélateurs : jouer à un jeu vidéo violent n'a eu aucun impact notable sur la capacité d'empathie des sujets ou sur l'activité cérébrale qui la sous-tend.
Quelques nuances concernant les plus jeunes joueurs
Lukas Lengersdorff, l'auteur principal de l'étude, met toutefois en garde contre les conclusions hâtives. Bien que l'étude réfute l'idée reçue, elle ne prouve pas définitivement l'innocuité des jeux vidéo violents. En effet, selon Claus Lamm, co-auteur de l'étude, il est essentiel de mesurer l'impact potentiel de l'exposition prolongée à la violence dans les jeux vidéo et ses effets sur des groupes de population plus vulnérables, comme les enfants et les adolescents.
En 2007, Craig Alan Anderson, directeur du département de psychologie de l'Iowa State University à Ames, abordait ce point dans son ouvrage dédié Violent Video Game Effects on Children and Adolescents. Ainsi, Claus Lamm détaille :
« Le jeune cerveau est très plastique, donc une exposition répétée à des représentations violentes pourrait avoir un effet bien plus important. Mais bien entendu, ces questions sont difficiles à étudier expérimentalement sans repousser les limites de l’éthique scientifique »
Mais dans le cas des plus jeunes, ils ne sont pas censés être exposés à des jeux violents - comme c'est le cas pour des films, séries ou livres. En Europe, le système PEGI de classification par âge des jeux vidéo permet aux parents de prendre des décisions éclairées lors de l’achat de jeux vidéo. Et dans le cas de GTA 5, jeu utilisé par l'étude, il est "interdit" aux moins de 18 ans.
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