Qui aurait pu croire qu'un mod, créé en un week-end lors d'un game-jam au sein d'une équipe de développement attelée à un jeu en plein échec, deviendrait le jeu le plus prolifique de 2018, avec plusieurs centaines de millions de bénéfices chaque mois ? Seulement les plus cyniques d'entre nous, qui ne croient plus en la volonté des développeurs de faire des jeux de qualité. Et vous savez quoi ? Ces cyniques avaient bien raison.
Fortnite, en 2018, c'est trois milliards de dollars de bénéfices. Non, pas de recettes, de bénéfices. Soit environ trois fois le PIB de Antigua-et-Barbuda, trois fois le prix d'achat du PSG, 10 fois le prix de la Maison Blanche. Bref, c'est beaucoup (trop) d'argent. Et, rappelons le, Fortnite est un jeu gratuit. C'est donc trois milliards de bénéfices engrangés à vendre des Battle Pass et autres pyjamas virtuels pour habiller les Keyrian du monde entier.
On aimerait bien faire preuve de bonne foi et féliciter Epic pour cet exploit, mais il est difficile de ne pas s'inquiéter d'une telle tendance. Oui, Fortnite est une mode, comme l'était Minecraft il y a quelques années, mais Fortnite c'est aussi et surtout le symbole de la microtransaction, du jeu vidéo qui minimise la qualité et l'effort vers une maximisation du profit. Fortnite, c'est ce que les vieux grincheux que nous sommes dénoncent comme responsables des Fallout 76, des Diablo Immortal, des Overkill's The Walking Dead, et des Atlas de 2018. Des développeurs qui se disent que finalement, pourquoi se prendre la tête à mettre au point des expériences de qualité, si un bête mode est capable d'imprimer de l'argent tous les mois. Et ça, mine de rien, ça nous attriste.