Le monde ouvert, une véritable révolution
Souvenez-vous des jeux vidéo d'il y a 20 ans. Vous pensez certainement à la PS2, à des jeux cultes comme Metal Gear Solid 2 ou Silent Hill 2, ou encore aux graphismes qui n'ont plus rien à voir avec ceux d'aujourd'hui. Mais rappelez-vous aussi de la structure de la majorité des titres d'antan. Ces niveaux qui vous bloquaient entre quatre murs, ou dans des zones à la taille particulièrement réduites, sans possibilité de vous écarter d'un chemin linéaire et donc, de parcourir un jeu de l'exact façon que tous les autres joueurs du monde.
Aujourd'hui, plusieurs jeux conservent des structures similaires, sans que ce soit nécessairement un mal. Mais beaucoup en arborent une toute nouvelle : le monde ouvert. Une véritable révolution dans l'industrie du jeu vidéo, comme Elden Ring l'a prouvé une nouvelle fois.
D'où vient l'essor du monde ouvert en 3D ?
Depuis le milieu des années, les jeux vidéo en monde ouvert se font de plus en plus nombreux. N'oublions pas les quelques pionniers du genre, apparus bien plus tôt, mais concentrons-nous sur la récente vague d'open world qui a déferlé sur l'industrie. Évidemment, impossible de ne pas citer le pionnier des mondes ouverts contemporains, à savoir GTA III, sorti en 2001.
De nombreux titres vont essayer de s'en inspirer, de True Crime à Saints Row en passant par The Getaway. Mais le monde ouvert recèle d'un potentiel bien plus grand, applicable à d'autres univers, pas forcément contemporain.
Comme tout genre de jeu, les contours du monde ouvert se voient redéfinis par des projets qui tentent d'y insuffler leur propre style. Assassin's Creed, Infamous, la série The Elder Scrolls, Fallout suivent et prouvent que la formule est applicable à d'autres univers, mais qu'elle peut surtout croiser les genres. Que ce soit par l'intégration de mécaniques RPG, de l'infiltration ou de la verticalité. L'industrie commence à réellement prendre conscience du potentiel de l'open world.
Pourquoi ça fonctionne ?
Plus les années passent, plus les joueurs paraissent en quête de liberté dans les jeux vidéo. Dans un monde ouvert, chaque joueur va à son rythme, découverte le contenu quasiment dans l'ordre qu'il souhaite (même si la trame principale se veut linéaire, évidemment). Le joueur a le sentiment de s'émanciper d'un maximum de contraintes (linéarité mais aussi murs invisibles, phases de dialogues...), qui étaient pourtant indissociables de toute expérience vidéoludique de l'époque.
Car oui, la linéarité, bien qu'elle ne soit clairement pas un défaut en soit, semble devenir une véritable contrainte de plus en plus forte pour le public. Dans un monde ouvert, ont choisi quand on a envie de se frotter à un boss caché retord, lorsque l'on veut faire avancer l'histoire, ou simplement partir en chasse d'un meilleur équipement.
Même les jeux non ouverts doivent se montrer plus versatiles et proposer un level design moins étriqué (The Last of Us Part II, The Evil Within 2, Resident Evil Village...), sous peine de subir les critiques. Certains jeux vont même jusqu'à changer radicalement leur formule (Metal Gear Solid V, Elden Ring, Final Fantasy XV), se rendant compte de la transformation que subit le jeu vidéo et des nouvelles façon de consommer.
Qui dit monde ouvert, dit aussi plus du contenu. Un critère primordial à l'heure où les joueurs sont de plus en plus sensibles au rapport quantité-prix des jeux vidéo. Même si la valeur d'un jeu ne peut pas être strictement mesurée par rapport au nombre d'heures proposées par celui-ci, beaucoup de joueurs se livrent à de telles comparaisons. Il suffit de faire un tour sur les différents forums ou sur les réseaux sociaux à chaque sortie pour le constater. Ou de voir les éditeurs eux-même se féliciter de la durée de vie de leur jeu, comme Treyarch avec Dying Light 2. Difficile de trouver un monde ouvert sorti ces 5 dernières années qui peut se boucler en moins de 30 heures en moyenne.
Un genre versatile
Nous en parlions plutôt, mais l'une des forces du genre en monde ouvert est sa versatilité. Vous trouvez que Far Cry, Death Stranding, Final Fantasy XV, Red Dead Redemption et Elden Ring sont des jeux radicalement différents ? Vous avez raison, mais ils partagent tous le point commun de faire partie du même style : le monde ouvert. Seulement, chacun propose des spécificités et mécaniques uniques qui empêcherait presque toute comparaison.
On pourrait presque dire que chaque joueur aura un jeu en monde ouvert qui lui convient, qu'il soit amateur de FPS, de RPG ou de TPS. Un genre qui brasse très large, ce qui explique en partie son succès. Surtout lorsqu'un titre comme Elden Ring arrive à redéfinir les contours du genre comme peu de jeux le font. (à l'exception de The Legend of Zelda : Breath of The Wild et Death Stranding, peut-être). Le jeu de From Software y parvient notamment en épurant au maximum son interface et ses indicateurs, pour offrir un véritable sentiment de liberté.
Preuve que le monde ouvert dispose encore d'une marge de progression, tant dans l'intégration du contenu annexe que dans la narration, par exemple. Une marge de progression malgré tant de jeux de qualité, cela augure tout simplement d'un avenir radieux.