Les jeux vidéo nous vendent souvent de la liberté. Depuis quelques années, la notion d'open world est devenue une norme, au point que tous les studios ou presque s’y frottent, avec plus ou moins de succès. Mais dans beaucoup de ces mondes ouverts, la liberté est une illusion.
Oui, la carte est immense, oui, vous pouvez aller où bon vous semble… mais pour quoi faire ? Suivre des quêtes balisées, escalader uniquement les parois prévues à cet effet, et cocher des objectifs dictés par le jeu.
Et puis il y a les Immersive Sims, ces jeux qui ne vous tiennent pas la main, qui ne vous traquent pas à coups d’icônes sur une carte. Eux, ils vous regardent droit dans les yeux et vous disent : "OK, voici un monde. Voici des règles. Débrouille-toi."
C’est quoi un Immersive Sim, exactement ?
Ici, ce n’est pas la taille du terrain de jeu qui compte, mais la cohérence de ses mécaniques. L’Immersive Sim ne vous lâche pas dans un bac à sable géant, il vous donne des outils et un environnement réactif, où chaque problème a plusieurs solutions. Vous devez passer une porte ? Vous pouvez crocheter la serrure, pirater le terminal, chercher une carte d’accès, distraire le garde ou, pourquoi pas, faire exploser le mur d’à côté.
Si vous aimez être guidé, enchaîner les objectifs et optimiser votre temps de jeu, ce genre n’est peut-être pas fait pour vous. Mais si vous aimez tester des trucs improbables et voir le jeu s’adapter à vos idées, alors l’Immersive Sim est sans doute l’une des expériences les plus gratifiantes qui existent. Parce qu’ici, la meilleure solution est celle que vous inventez vous-même.
En somme : un Immersive Sim, c’est un jeu où tout est conçu pour vous laisser choisir comment avancer. Pas de script rigide, pas de solution imposée. Trois éléments clés définissent le genre :
- Un monde réactif : si vous déclenchez une alarme, les gardes ne vont pas simplement se rendormir après 30 secondes. Si vous coupez le courant, certains passages deviennent inaccessibles, mais les caméras s’éteignent.
- Des solutions multiples : une porte fermée ? Vous pouvez trouver un code, la crocheter, passer par les conduits, ou carrément défoncer le mur si le jeu le permet.
- Des systèmes qui s’entrecroisent : l’eau conduit l’électricité, le feu propage les explosions, et les PNJ réagissent à ce que vous faites.
D’où ça vient ?
Le genre ne date pas d’hier. Il prend ses racines chez Looking Glass Studios, un studio légendaire des années 90. C’est eux qui ont pondu des jeux comme Ultima Underworld (1992), System Shock (1994) et Thief (1998), où l’illusion de liberté était déjà bluffante.
Puis est arrivé Deus Ex (2000), un chef-d’œuvre cyberpunk qui vous laissait vraiment jouer à votre façon. Depuis, d’autres studios ont pris le relais, notamment Arkane Studios avec Dishonored (2012), Prey (2017) et plus récemment Deathloop (2021).
Pourquoi il existe peu de jeux de ce type ?
Parce que c’est un cauchemar à développer. Un Immersive Sim demande de créer un monde cohérent et réactif, avec une IA crédible et des mécaniques qui fonctionnent ensemble sans s’écrouler. Résultat : ça coûte cher, ça prend du temps, et... ça ne se vend pas toujours bien.
Dishonored 2 ? Échec commercial. Deus Ex: Mankind Divided ? Pas rentable. Ce n’est pas que ces jeux sont mauvais, c’est juste qu’ils demandent plus d’investissement aux joueurs que des shooters classiques ou des open worlds bourrés d’icônes.
Mais l’ADN du genre survit ailleurs. Des jeux comme Zelda: Breath of the Wildou la série Hitmanreprennent ses mécaniques : des systèmes interactifs, une liberté d’approche, et un monde qui réagit intelligemment.
Quelles différences entre un Immersive Sim et un Open World ?
La confusion entre open world et Immersive Sim est courante, mais les deux approches sont fondamentalement différentes.
- Un open world vous donne une carte immense et vous dit "explore".
- Un Immersive Sim vous donne un problème et vous dit "trouve ta solution".
Prenons Elden Ring, qui offre une énorme liberté : le jeu vous laisse choisir où aller et quel boss affronter en premier. Mais le jeu ne vous propose qu’une seule manière de progresser : le combat. Si une porte est fermée, il faut trouver la clé prévue par les développeurs.