C'est une information qui aurait pu rester confidentielle si elle n'avait pas été repérée par Les Echos. Lundi 16 décembre, le média spécialisé dans l'économie et la finance nous apprenait qu'Evan Spiegel, patron de l'entreprise Snap Inc. et fondateur du réseau social Snapchat, a obtenu la nationalité française en septembre 2018, au même titre que son fils d'un an et demi, Hart Spiegel. Son épouse Miranda Kerr, elle, reste bien Australienne.
Une information que les journalistes des Echos ont découvert en feuilletant un décret de trente pages publié au "Journal Officiel", qui énumère les noms de plusieurs centaines d'étrangers naturalisés à cette période. Mais pourquoi Evan Spiegel, né de parents américains en Californie et n'ayant jamais séjourné sur la durée en France, s'est vu accorder la nationalité française ?
La procédure de "l'étranger émérite"
La réponse est simple : selon les Echos, Spiegel "a fait sa demande au consulat de France à Los Angeles, qui l’a naturalisé via la procédure dite 'de l’étranger émérite'". Une procédure permise par l’article 21-21 du Code civil, selon lequel "un étranger francophone qui en fait la demande et qui contribue par son action émérite au rayonnement de la France et à la prospérité des relations économiques internationales."
Et si seuls "dix à vingt dossiers" de ce genre sont traités chaque année selon une source diplomatique, celui de Spiegel présentait manifestement suffisamment d'avantages pour que ce dernier bénéficie d’une "assimilation (de son séjour à l’étranger) à une résidence", lui permettant de passer outre la condition d'attribution de vivre au moins depuis cinq ans en France.
Snapchat capte 90% des 18-24 ans en France
D'ordinaire, ce dispositif figurant dans l'article 21-26 du code civil doit bénéficier à "un étranger qui exerce une activité professionnelle publique ou privée pour le compte de l’Etat français ou d’un organisme dont l’activité présente un intérêt particulier pour l’économie ou la culture française".
Et si le Quai d'Orsay n'a pas précisé aux Echos de quelle manière Evan Spiegel participe au "rayonnement" français, l'entreprise se prévaut de son côté de son activité plus que satisfaisante dans l'Hexagone, avec 90% des 18-24 ans inscrits sur l'application. De plus, Snap Inc. a ouvert en 2016 un bureau à Paris, où travaillent aujourd'hui 80 salariés.