Ce qu’il y a de bien avec la science-fiction, c’est qu’elle nous permet d’anticiper de nombreuses questions éthiques inévitables telles que “Est-il raisonnable de confier l’arme nucléaire à une I.A. ?” (la réponse est non), ou “Est-il éthique de permettre à des robots d’ôter des vies humaines” (la réponse est… compliquée). Mais alors que des drones kamikazes s’écrasent sur des tanks en Ukraine, et que la police de San Francisco indique qu’elle aimerait s’équiper de robots tueurs, la science-fiction est dépassée et certaines questions sont d’ores et déjà d’actualité.
Des robots utilisés en cas d’extrême urgence
La police de San Francisco dispose déjà de robots. En effet, elle déploie, quand nécessaire, des engins téléguidés et munis de caméras, capables de s’approcher de colis suspects lors d’alertes à la bombe. Mais une nouvelle étape pourrait bientôt être franchie, et une ligne rouge, dépassée. Le futur sera-t-il dystopique ?
Alors qu’une proposition qui permettrait aux forces de l’ordre d’être dotés de robots tueurs est étudiée, la police municipale se justifiait, dans un communiqué daté du 1er décembre :
“L'utilisation de robots dans des situations de force potentiellement mortelle est une option de dernier recours. Nous vivons à une époque où la violence de masse impensable devient de plus en plus courante. Nous devons avoir la possibilité de sauver des vies dans l'éventualité d'une telle tragédie dans notre ville.”
Dès lors, une véritable question éthique se pose. Certes, dans un cas de force majeure et danger de mort, déployer un robot plutôt qu’une personne paraît évident. Mais cela ne reviendrait-il pas à déshumaniser la mort d’un individu (quand bien même cet individu serait un criminel), et donc, à rendre moins impactant l’usage de force létale ? Du côté de l’opinion publique, cette proposition ne fait pas l’unanimité.
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La proposition va être ré-examinée
Malgré le discours de la police, cette proposition de loi a suscité l’indignation. Des manifestations contre l’usage de robots tueurs ont été organisées, et de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer leur usage. Le Dr. Catherine Connolly, de l’association Stop Killer Robots, a déclaré :
“Cette évolution pourrait éloigner de plus en plus l'homme de l'usage de la force et de ses conséquences [...] et faciliter la décision de recourir à la force meurtrière en premier lieu.”
Cette levée de boucliers a quelque peu refroidi la ville, qui a indiqué que cette proposition allait être réexaminée. Le projet de loi reviendra donc sous une autre forme, ou sera donc complètement abandonné. Enfin, comme le rappellent nos confrères de BBC, ce genre de robot existe déjà aux États-Unis et aurait été utilisé en 2016 pour “neutraliser” (dans ce cas précis, tuer) un tireur embusqué.