Un projet de loi américain pourrait donner au président Barack Obama le pouvoir de s’emparer du contrôle du Net avec la possibilité de fermer des pans complets d'Internet en cas d’état d’urgence nationale. Ce projet a été soutenu par les sénateurs Joe Lieberman et Al Gore et a suscité l’attention et la critique de la part de nombreux médias. L’initiative fait parler d’elle et notamment par la chaîne d'information américaine CBS4 qui voit dans cette idée la possibilité de "tuer" Internet en cas d’urgences établies par la Sécurité intérieure.
Cette proposition parlementaire n’est pas nouvelle. Elle se base sur un constat fait par les armées mondiales et par l’armée américaine en premier lieu. Ils voient dans le cyberespace un terrain d’affrontement en cas de conflits futurs. C’est un espace qui a ses failles, à conquérir et par conséquent à défendre. Depuis peu, de nombreuses initiatives ont vu le jour afin de permettre à la Maison Blanche d’établir un "cyber-état d’urgence", soit d’avoir la possibilité d’ordonner la déconnexion de certains réseaux.
La proposition portée par Lieberman va pourtant plus loin : les compagnies, les entreprises (entre autres, les fournisseurs d’accès), les moteurs de recherches, les développeurs de softwares que sélectionne le gouvernement devront se soumettre à toute mesure d’urgence déclarée par la Sécurité intérieure sous peine d’amende. Les textes prévoient aussi de créer un organisme placé sous la juridiction du département de la Sécurité intérieure dénommé Nation Center for Cybersecurity and Communications (centre national pour la cyber sécurité et les communications). Cette organisation pourrait, en période de crise, prendre la tête des interventions de toute une série d’entreprises qui seraient listées par la Sécurité intérieure.
Ce projet est quelque peu difficile à digérer pour les entreprises concernées. Néanmoins Lieberman a tout prévu : il leur serait garanti l’immunité contre toutes poursuites civiles pour les actes posés dans le cadre des mesures de sécurité. Si un incident survenait alors que les entreprises ont suivi les protocoles standards imposés, il n’y aurait pas possibilité de réclamer des dommages et intérêts.
Ce projet de loi n’a pas tardé à s’attirer les foudres de la presse. Dans une interview donnée au quotidien australien Sydney Morning Herald, Bjorn Landfelt, expert de l’université de Sydney, estime que cette loi est susceptible de causer des dommages importants sur le plan international. "Tous nos systèmes financiers, tous nos systèmes de sécurité seraient affectés", a-t-il expliqué, car "nous sommes tellement dépendants d'internet que si vous l'éteignez, se pose la question de savoir si la société va pouvoir continuer à fonctionner normalement dans l'ensemble du monde occidental."